La CGT administration centrale a rencontré vendredi 23 septembre en audience intersyndicale le nouveau directeur de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative. Les organisations d’administration centrale étaient réunies par le nouveau DJEPVA par intérim, Yves Boero. Une première prise de contact après la mise à l’écart très abrupte de sa prédécesseur, Emmanuelle Pérès.
Pas plus disert avec les organisations qu’il ne l’avait été avec le personnel, celui qui était pressenti au départ pour assurer la direction adjointe de cette direction, dans des fonctions de pilotage du SNU (il a assuré auparavant les missions d’adjoint à la direction du service national au ministère des armée) se retrouve propulsé dans un costume plus large, avec pour mission d’assurer les « affaires courantes » dans l’attente de la nomination du/de la futur-e DJEPVA. De l’aveu même d’Yves Boero, cette nomination n’est pas « pour tout de suite ». La dimension interministérielle qui était attachée aux fonction de DJEPVA, également délégué interministériel à la jeunesse, n’a pas été franchement mise en avant par Yves Boero.
Réorganisation : prendre le temps d’attendre…
Yves Boéro a confirmé que la réforme de la DJEPVA, véritable serpent de mer qui mobilisait les agents depuis 4 ans, est enterrée. Ou plutôt, reportée sine die. Rayez les mentions inutiles.
La CGT s’était abstenue sur cette réorganisation au CTAC, principalement parce que le projet de répondait pas aux attentes des agents : tant de concertation pour un si faible résultat, sans réponse structurelle satisfaisante sur la question essentielle « où va la politique de la jeunesse ? ». Ce report est une nouvelle en demi-teinte. Evidemment il donne satisfaction aux agents qui s’étaient élevés contre la fusion de départements et craignaient pour leurs missions et c’est tant mieux. Mais il ne permet pas de solutionner certaines situations qui attendaient avec impatience que la réorganisation mette en place des dispositifs attendus – au point que le DJEPVA a promis de se pencher sur ces situations !
Après 4 ans de pseudo-consultations et d’attermoiements, ce report laisse place à une attente anxyogène : à quoi ressemblera la réorganisation d’un·e futur·e DJEPVA ? Faut-il s’attendre au pire ? La CGT a relayé ce qui se dit dans les couloirs : 4 ans, c’est trop long ! C’est épuisant de ne pas savoir où on va et comment on va travailler…
Une mission d’inspection ISST suite à des alertes…
Une mission d’inspection sur les politiques de jeunesse a été inscrite au programme de l’IGESR mais elle n’a pas encore été initiée. En revanche, Yves Boéro nous a informés qu’une mission d’enquête de l’inspection générale conduite par les ISST (inspecteurs santé sécurité au travail) a été diligentée parallèlement en juillet sur la DJEPVA suite à des alertes sur des risques psycho-sociaux dont aucune des organisations syndicales présentes à cette audience n’étaient à l’origine. Doit-on comprendre que la haute administration s’est autosaisie du dispositif d’alerte et pourquoi ? Cette mission aurait-elle un lien avec le débarquement de la précédente DJEPVA et le départ de plusieurs hauts cadres ? Doit-on faire un lien avec l’affaire Elimas où ce sont les conseillers cabinet eux-mêmes qui étaient maltraités et avaient conduit à une enquête des IG ? Ces informations viennent en tout cas corroborer un climat délétère au plus haut niveau de cette direction depuis le départ de l’ancien délégué interministériel à la jeunesse, Jean-Benoît Dujol, avec des départs à la retraite non-remplacés et des mises en retrait d’adjoint et sous-directeur, sur fond de rivalités internes aux cabinets.
La CGT a réclamé la lettre de mission des inspecteurs mais n’a pas pour l’instant reçu de réponse positive de l’administration. Les conclusions de ce rapport devraient être connues incessamment.
Jeunesse, vie associative, éducation populaire : rappeler le cœur de l’action de la DJEPVA
La CGT a rappelé en introduction l’attachement des personnels aux politiques de Jeunesse et leur volonté de pouvoir exercer pleinement leurs missions, dans toutes leurs composantes, notamment autour des politiques d’éducation populaire et de vie associative, déplorant que depuis quelques années le SNU soit trop souvent présenté par le gouvernement comme l’alpha et l’oméga des politiques de Jeunesse.
L’occasion également de rappeler l’opposition de nombre organisations syndicales, dont la nôtre, au SNU, non pas pour des raisons idéologiques, comme a cru bon l’exprimer Yves Boero, mais tout simplement parce que le SNU ne correspond en rien aux missions éducatives et émancipatrice que s’est donné notre ministère, ni aux métiers des agents des corps constitués pour les mener, les CEPJ et les CTPS. Une réalité crue que nous devions rappeler à notre nouveau directeur par intérim.
La CGT a également rappelé que le rattachement à trois tutelles ministérielles Armées, Education et Vie associative interrogeait sur un potentiel démembrement de la politique de Jeunesse et qu’avec FO et l’UNSA, elle avait demandé une audience au ministre de l’éducation sur l’avenir de la DJEPVA. Aucune réponse n’a été apportée, malgré une relance début septembre.
Les conséquences de ces guerres picrocholine, on le sait, ce sont les agent-e-s qui les paient. Sans cap politique, avec une hiérarchie intermédiaire évitante ou absente, ils doivent « faire avec ». Faire avec des demandes multiples et rarement concertées de trois cabinets de l’éducation nationale, des armées, de la vie associative et de l’économie sociale et solidaire. Faire avec la pression des associations pour lesquels les agréments et les financements sont vitaux. Faire avec la montée en charge du SNU. Les organisations syndicales ont remonté des situations d’urgence et de souffrance émanant des sous-directions qui relèvent des manques de moyens humains et de déficits d’encadrement criants au regard des missions remplies.
SNU : des inquiétudes sur la montée en charge
La CGT a également alerté Yves Boéro sur les difficultés que rencontrent les agents de la sous-direction en charge du SNU, comme dans les services déconcentrés. La montée en charge du SNU va poser problème pour les équipes qui manquent de moyens. Les équipes sont d’ores et déjà épuisés de leur travail dans la phase d’expérimentation et l’organisation actuelle s’avère finalement inadéquate pour faire face aux défis qui s’annoncent. Les fréquents rétropédalages sur le dossier empêchent un bon fonctionnement des équipes.
La CGT a relayé la parole des collègues qui demandent plus de visibilité sur les orientations sur le SNU et plus de transversalité entre bureaux et une meilleure association de l’ensemble des agents à la conduite de cette politique. Il n’y a pas que les chefs de bureau qui peuvent apporter leur pierre à l’édifice et il faut reconnaître, ici comme ailleurs, les compétences et l’engagement de tous, quel que soit le niveau hiérarchique !
Contractuels : une doctrine plus favorable à la CDIsation au sein du MENJ
La CGT a alerté sur la situation de la DJEPVA qui compte une proportion importante de contractuels et demandé au directeur intérim d’accompagner au mieux les agents vers une CDIsation, à défaut de dispositif gouvernemental de titularisation.
Bonne nouvelle tout de même, la doctrine de non renouvellement des contractuels au bout de six ans, qui était évoqué par nos responsables pour éviter les CDI, semble être remise en cause, même s’il faut rester très prudent sur ce type d’annonce. Les agents contractuels recrutés sur un poste pérenne qui n’a pas trouvé preneur auprès d’un agent titulaire, pourraient être Cdisés au terme de six années de CDD. Et pourquoi pas avant, si rien ne n’oppose légalement à CDiser des contractuels dès la signature du contrat ?, ont interrogé les organisations représentatives. Yves Boero a annoncé, qu’il procèderait rapidement à un examen de doctrine de l’emploi des contractuels au sein de la DJEPVA.
Relations aux cabinets : un appel à la vigilance
La CGT a également alerté Yves Boéro sur les relations de travail des agents avec les cabinets. Dans une direction de moins de 150 agents qui est l’interlocutrice de 3 cabinets, le risque est fort que les bureaux soient sursollicités. Mathématiquement, le ratio est de 1 agent pour 5 conseillers ! La CGT a rappelé que le rôle d’un directeur était aussi de protéger ses équipes et de réguler la charge de travail face au cabinet et de savoir dire non à ces moments quand les équipes ne peuvent matériellement pas répondre dans les temps aux demandes en urgence ou aux demandes continues. Préserver la qualité de vie des collègues et leur santé au travail doit être une priorité. La CGT lui a notamment proposé de s’inspirer de la charte que la DGESIP et la DGRI ont signé avec le cabinet en 2019.
Yves Boéro a promis d’être attentif à ces questions, tout en semblant peu décidé à faire usage de son pouvoir de régulation face à au cabinet, alors que certains grands directeurs savaient très bien jouer ce rôle de « parapluie » pour protéger leurs équipes. La CGT restera extrêmement vigilante sur le sujet et vous invite à la saisir en cas de difficulté.