Télétravail, pouvoir d’achat, fonction publique : toutes les infos de la rentrée

Avec une inflation de plus de 6 % sur un an, la situation salariale atteint un niveau insupportable. N’en déplaise au président, la fin de l’insouciance et de l’abondance, nous y sommes confronté·e·s depuis longtemps ! Le dégel de 3,5% de juillet dernier est bien loin d’être suffisant. Il est urgent d’indexer le point d’indice sur l’inflation et de rattraper les pertes de pouvoir d’achat subies par les agents publics. En cette rentrée, les annonces sur des chantiers de régression sociale se multiplient : fonction publique, retraite, assurance chômage. Attention danger ! Autant de raisons d’être tous mobilisés le 29 septembre prochain pour les salaires et la fonction publique à l’appel unitaire des organisations CGT, FSU, Solidaires !

Télétravail : on ne voit toujours rien venir et les collègues craquent !

Vous n’en pouvez plus d’attendre les textes sur le télétravail ? Nous, non plus ! Il est grand temps de trouver une solution pour avancer sur ce dossier. L’administration centrale a pris trop de retard alors que désormais le télétravail est complètement banalisé dans nos organisations du travail.

Bon à savoir : L’inertie de l’administration sur le télétravail est nationale et n’est pas spécifique à notre administration centrale. Alors que l’administration centrale des finances a signé dès mars 2021 un protocole d’accord relatif au télétravail, nos ministères ont choisi de négocier nationalement une application du protocole fonction publique avec les trois versants de nos administrations (Education  / Enseignement supérieur – recherche / Jeunesse et Sports). La déclinaison locale / administration centrale ne doit intervenir qu’après conclusion de l’accord national. Comme vous le savez, la discussion a été lancée très tardivement et même si un accord de méthode a pu être signé avec les organisations syndicale, la discussion est actuellement au point mort.

Lors du comité technique ministériel du 6 juillet, la CGT Educ’action a interpelé le ministère sur ces retards. Le DGRH s’est voulu rassurant, arguant d’un document quasi stabilisé mais de clarifications nécessaires sur les populations éligibles. In fine, ce ne sont pas les fonctions administratives qui posent questions mais des métiers spécifiques (personnels de direction en EPLE, infirmière scolaire, assistantes de service social, enseignants-chercheurs, etc). Le blocage n’est pas politique sur le principe du télétravail et l’intégration de l’ensemble des avancées du protocole national de 2021 : le texte ne pourra de toutes façons être que mieux-disant. Mais ce retard témoigne malgré tout d’une absence de priorité mise sur le dossier, notamment parce que les enseignants qui forment l’essentiel des agents de notre administration en sont exclus. Autrement dit, alors qu’il s’agit d’une demande prioritaire des personnels administratifs, ce dossier traîne parce que la DGRH n’a pas les moyens de suivre l’ensemble de ses dossiers. Encore une fois, les suppressions d’emplois et l’absence d’effectifs suffisants dans les services ont des conséquences fortes pour le contenu de la politique menée et les conditions de travail des collègues !

Au niveau de l’administration centrale, nous avons demandé à de multiples reprises à l’administration un texte transitoire en attendant le protocole national pour enfin avancer ! Le SAAM vient de convoquer les organisations syndicales pour un groupe de travail le 3 octobre. Déblocage en vue ? Nous allons exiger que soit appliqués sans attendre les avancées réglementaires récentes : les 3 jours de télétravail, les jours flottants, l’ouverture des lieux de télétravail et la reconduction tacite des protocoles télétravail pour sortir de l’absurdité qui fait reprendre chaque année pour chaque agent un arrêt télétravail et embouteille les services.

Fonction publique, retraite : des annonces particulièrement inquiétantes

Au niveau de la fonction publique, Stanislas Guérini, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a donné le 9 septembre un entretien exclusif à Acteurs publics où il confirme son intention de lancer un grand chantier sur les rémunérations et l’attractivité de la fonction publique. Le point de départ est simple : la fonction publique peine à recruter. Avance-t-il l’idée d’un dégel général des salaires via un revalorisation du point d’indice pour rattraper l’inflation ? Non. Propose-t-il de recréer des emplois pour décharger les collègues à bout de souffle ? Non. Pourtant c’est bien parce que les salaires dans le public sont trop bas et les conditions d’exercice trop difficiles que la fonction publique n’arrive pas à recruter !

Les solutions du gouvernement sont toujours individuelles et visent à multiplier les leviers pour différencier les parcours : « Nous devons rendre les carrières plus dynamiques, ce qui peut passer par l’instauration d’un socle de garanties et d’accélérateurs de carrière, et mieux reconnaître l’engagement des agents publics. » Autrement dit, il s’agit de sortir de la logique protectrice du statut et de l’éclater progressivement par des niches « dynamiques » de postes à profils, de primes individuelles et autres bonifications fonctionnelles ou rémunération au mérite. C’est l’obsession de l’individualisation des rémunérations ! On connaît bien le refrain, on nous le ressert depuis des années, avec une conséquence indubitable : l’explosion du poids des primes dans les rémunérations. Dans la fonction publiques d’Etat, elles représentent + de 20% des salaires et souvent + de 30% en administration centrale. Or ces primes ne sont pas prises en compte pour le calcul de la retraite. Et elles ne sont jamais garanties en cas d’accident de parcours ! Le chantier devrait être lancé dès l’automne et ne fait que reprendre les pistes esquissées par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle ou développées par Amélie de Montchalin dans le précédent gouvernement. A terme, l’objectif est bien de dissocier grille de rémunération indexée sur le point d’indice et salaires dans la fonction publique.

Le gouvernement ne prévoit toujours rien pour titulariser les contractuels et ouvrir des postes statutaires. Au contraire, le recours aux contractuels se multiplie et devient presque une nouvelle norme. Derrière, c’est encore une attaque contre le statut de la fonction publique qui pourrait devenir progressivement minoritaire, comme on l’a connu à France Télecom ou la SNCF. Derrière c’est un recul général des droits et une précarisation des agents. Les agents contractuels en arrêt longue durée ou même simplement en congé maternité le savent bien : la couverture sociale n’est pas la même que pour les fonctionnaires… Il est grand temps d’aligner les droits de tous et toutes par le haut !

Le gouvernement a annoncé un chantier sur les retraites. Pour l’instant rien de précis. Si le gouvernement semble avoir compris le rejet massif des français du système de retraite par point qu’avait proposé le gouvernement Philippe en 2019-2020, il a clairement annoncé un nouveau recul de l’âge légal de départ à la retraite. Pourtant le dernier rapport du COR précise bien qu’une telle réforme n’est pas nécessaire ! Pourquoi jouer avec le feu ? Pour rappel, l’espérance de vie en bonne santé est de 64 ans ! Mais la régression sociale est aujourd’hui à l’ordre du jour dans tous les domaines. La réforme de l’assurance chômage annoncée par le gouvernement est insupportable : en dégradant encore les conditions d’indemnisation des chômeurs, ce projet de réforme s’avère purement idéologique et méconnaît complètement les logiques de retour de à l’emploi. Aujourd’hui seul 1 chômeur sur 3 est indemnisé et ce n’est justement que quand l’indemnisation est digne que les agents en recherche d’emploi réussissent à se réinsérer durablement sur le marché du travail ! Les annonces du conditionnement du RSA à 15 à 20 heures d’activité sont insupportables.

Fonction publique, retraite : des annonces particulièrement inquiétantes

Acculé par l’inflation galopante, le gouvernement a été obligé de concéder enfin un dégel du point d’indice à hauteur de 3,5% applicable au 1er juillet 2021. Après des années de gel du point d’indice, cette mesure a été annoncée par le gouvernement comme historique. Foutaise ! Ce dégel, arraché par la pression des organisations syndicales et des personnels, est très loin d’être suffisant : l’INSEE a annoncé fin août que les prix à la consommation avaient augmenté de 6% sur l’année écoulée. L’inflation annuelle sur la zone euro est estimée par Eurostat à 9,1%. Autrement dit le ministère de la fonction publique a une fois de plus berné les agents : le dégel ne permet même pas de compenser l’augmentation des prix. La preuve, la hausse des prix des loyers est elle aussi de 3,5% !

Au-delà de l’année 2022, les pertes de pouvoir d’achat sont énormes. La CGT fonction publique a chiffré la perte de pouvoir d’achat subie par les agents publics : elles sont impressionnantes ! Depuis le gel du point d’indice en 2010 : elle est de 12,34%. Autrement dit, un attaché classe normal en fin de grade perd 403€ bruts par mois. La désindexation du point d’indice sur l’inflation a des conséquences lourdes à long terme : depuis le 1er janvier 2000, la perte de pouvoir d’achat est de 22,2% pour les fonctionnaires ou 700€ bruts mensuels pour un attaché classe normale en fin de grade ! Il est urgent de réindexer le point d’indice sur l’inflation, comme c’était le cas jusqu’en 1982 !

Les mesures du gouvernement dans la loi Pouvoir d’achat sont complètement à côté de l’urgence du moment. Cette loi reste fondée sur une logique de mesures parcellaires et, dans le privé, non contraignantes pour les employeurs. On le voit bien dans la fonction publique où la catégorie C est systématiquement rattrapée par le SMIC – et même les premiers échelons de la catégorie B – il est urgent de proposer des mesures de long terme pour revaloriser les salaires et reconnaître le travail à sa juste valeur !

Retrouver notre analyse salaires fonction publique en vidéo

La CGT revendique :

  • un rattrapage des pertes de pouvoir d’achat avec un dégel du point d’indice à hauteur de 10% rétroactif au 1er janvier 2022
  • l’indexation du point sur l’inflation 

Pour toutes ces raisons, mobilisons-nous le jeudi 29 septembre, pour l’augmentation des salaires et pour la fonction publique !
Retrouvez l’appel unitaire CGT, Solidaires, FSU et des organisations de jeunesse UNEF,  Fidl, VL, MNL
Retrouvez le tract salaires Ferc-CGT : le 29 septembre, on lutte pour les salaires !
Retrouvez le tract salaires CGT Educ’action : Emplois, salaires, il y a urgence !