Gilets jaunes : une colère légitime

Les gilets jaunes ont réussi à ouvrir une crise politique majeure. C’est une taxe sur l’essence qui a été « la goutte d’eau qui fait déborder le vase » mais le mouvement de contestation s’est très rapidement élargi pour mettre en évidence la galère de tous ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois. Les gilets jaunes mettent sur le devant de la scène la misère sociale grandissante qui traverse le pays, que ce soit dans les déserts ruraux ou ultrapériphériques ou dans les quartiers populaires des métropoles. Quand les modernisations libérales exacerbent les concurrences dans et pour l’emploi, insécurisent les carrières, les avenirs, explosent les collectifs de travail, séparent, isolent. Ce mouvement ne divise pas, il réconcilie même s’il nous bouscule. Quelques dérapages homophobes ou racistes, marginaux mais détestables, n’en ternissent pas le sens, tout comme les relents antifiscalistes qui émergent parfois sont d’abord une profonde aspiration à davantage de justice sociale et de justice fiscale. Certains s’indignent de vitrines brisées, de voitures brûlées. Mais où est la violence, la vraie, dissimulée, perpétuelle, qui sans cesse ruine les vies ? Où est l’obscénité, l’insupportable ?

Le mouvement des « gilets jaunes » est aussi le symptôme d’une crise généralisée, celle de la représentation politique et sociale des classes populaires. Le mouvement des « gilets Jaunes » se caractérise par une défiance généralisée vis-à-vis du système politique, en particulier vis-à-vis des partis mais aussi des syndicats. Pourtant une grande partie de ses revendications sont portés depuis longtemps par les confédérations et notamment la CGT. Mais les « gilets jaunes » sont aussi le produit d’une succession d’échecs du mouvement social, face à la tenacité du pouvoir : bataille de 2010 sur les retraites, loi Travail maintenue malgré une mobilisation inédite. Le néolibéralisme voudrait cantonner les syndicats à un rôle d’accompagnement des régressions sociales. Aujourd’hui plus que jamais nous revendiquons d’être, avec l’ensemble des salariés, une force de progrès social, ancrée sur des valeurs fortes : égalité, justice fiscale, sociale et environnementale, libertés démocratiques, lutte contre les discriminations. C’est la raison pour laquelle la CGT appelle avec d’autres forces syndicales, à une journée d’action le 14 décembre !