Suite aux alertes des collègues sur la détérioration du climat de travail et le projet de réorganisation de la DGRI, dont les contours restent flous, la CGT a souhaité rencontrer le nouveau directeur général de la recherche et de l’innovation, Jean-Luc Moullet. Compte-rendu.
Nous profitons du message du DGRI à l’ensemble des agents en vue de la réunion plénière du 8 septembre prochain pour faire un retour sur l’audience bilatérale avec le directeur général que la CGT a eu mardi 15 juillet, notamment suite aux remontées des collègues lors de notre visite Rives de Paris. La CGT a donc rencontré le nouveau directeur général de la recherche et de l’innovation, Jean-Luc Moullet, lors d’une audience bilatérale, en présence de son adjoint Nicolas Jeanjean et de la cheffe du SAAM, Marie-Hélène Perrin. La CGT était représentée par Sylvie Aebischer et Fabienne Federini.
Le DGRI a souhaité d’abord présenter sa démarche autour de son projet de réorganisation de la DGRI. Il a précisé ne pas avoir de projet arrêté dans ses cartons et que le projet était en cours d’élaboration. Son objectif est de pouvoir proposer un projet de réorganisation et un toilettage des textes pour le mois de décembre 2025. La DGRI a obtenu un accompagnement de l’IGESR et de deux consultants internes. Des groupes de travail vont être mis en place au sein du comité de management pour réfléchir aux thématiques suivantes : positionnement vis-à-vis des opérateurs, positionnement vis-à-vis des autres acteurs (universités, entreprises, collectivités territoriales, associations), opérations de la DGRI, impact de la recherche et son positionnement dans le monde, RH de la DGRI (MAD et renforcement par d’autres compétences). Ces groupes de travail rendront leurs travaux mi-octobre. Mais il porte très profondément la conviction que l’écosystème de la recherche française a largement évolué et qu’il est nécessaire de repenser profondément l’organisation de la DGRI pour qu’elle ait davantage d’impact. Le constat qu’il a dressé lors de cette bilatérale rejoint ce qu’il décrit dans son message à l’ensemble des agents : maturité collective sur la situation de la DGRI dans le paysage de la recherche française, un besoin de renforcement de la communication interne et externe, la nécessité d’être mieux considéré dans le dialogue interministériel et de revoir les process de recrutement. Il développera sans doute ces points lors de la réunion du 8 septembre. A noter que cette réorganisation se comprend aussi en regard d’un rapport à venir de la Cour des comptes sur la DGRI, nous avons le sentiment que le DG souhaite en partie anticiper les recommandations de cette dernière.
En réponse, la CGT a fait remonter l’ensemble des retours des collègues sur l’ambiance extrêmement anxiogène depuis l’arrivée du DGRI et sur la dégradation du climat de travail. Nous avons insisté sur la rupture que cela représentait au sein d’une direction plutôt connue pour des conditions de travail favorable et un mode d’organisation du travail moins hiérarchique que dans les autres directions de l’administration centrale avec une culture professionnelle plus horizontale, sans doute inspirée du monde de la recherche. Nous avons ainsi évoqué le fonctionnement vertical observé par les collègues mais aussi le management brutal et parfois conflictuel qu’ils sont nombreux à avoir décrit. Nous avons également décrit des collègues fatigués de la pression et malmenés. Nous avons rappelé au DGRI son obligation en tant que chef de service de veiller à la sécurité et la santé des agents placés sous son autorité et qu’il ne pouvait en aucun cas avoir un management pathogène pour ses équipes. Nous avons également fait remonter votre impression que la concertation autour du projet de réorganisation paraissait écrite d’avance et que le nouveau DGRI ne semblait pas faire confiance aux équipes, qu’il donnait l’impression de tout vouloir changer sans respecter le travail qui avait été fait jusque-là au sein de la direction et les compétences de ceux et celles qui l’ont construite et la font vivre. Nous avons également fait écho à l’impression de remise en cause des profils de la DGRI et des questionnements sur une volonté de remplacement des profils scientifiques par des profils « haute administration ». Nous avons également fait remonter les interrogations et les rumeurs les plus persistantes.
A notre grande surprise, le DGRI a eu une posture d’écoute et nous a remerciées pour ces retours pourtant plutôt rudes. Il a globalement reconnu que si ces retours existaient chez les agents, c’est qu’il y avait sans doute eu des incompréhensions et des erreurs de communication. Il a plaidé avoir voulu rencontré un maximum d’agents pour avoir des retours directs, notamment à l’occasion de ces petits déjeuners de la DGRI où sont invités des agents qu’il prétend ne pas sélectionner et qui doivent représenter la diversité de la direction. Son objectif est de poursuivre ces petits déjeuners jusqu’à avoir rencontré l’ensemble des agents. Sur ce point, nous avons tenté de lui expliquer que l’absence d’explication de la démarche auprès de l’ensemble des collègues créait une situation de flou sur le statut de ces invitations et le mode de sélection des agents qui rendait le processus peu lisible et générait de la frustration. Nous avons suggéré des communications directes du directeur général à l’ensemble des collègues, soit par écrit, soit en direct pour qu’il prenne le temps d’expliciter sa démarche mais aussi de montrer de la considération aux équipes qui ont besoin de cette reconnaissance. Il s’est engagé à organiser une communication globale autour de l’ensemble des agents de la DGRI. Gageons que ce message à l’ensemble des agents, plein de commentaires positifs sur la dynamique de travail de la direction et l’engagement des collègues ainsi que cette invitation à une plénière est un premier résultat de cette bilatérale. Evidemment la question de la communication n’épuise pas la question des conditions de travail mais peut déjà être une porte d’entrée.
Il a souhaité faire taire la rumeurs sur le fait de devoir recandidater sur son poste après la réorganisation. Sur la question de la potentielle suppression des postes d’adjoints, il a précisé sa pensée et notamment qu’il souhaitait qu’ils soient également en charge d’une mission précise. La CGT a rappelé qu’en administration centrale, la fonction d’adjoint était un marqueur fort dans une carrière, une étape nécessaire pour avancer vers d’autres fonctions et qu’un régime indemnitaire spécifique accompagnait la fonction d’adjoint qu’il n’était pas possible de remettre en cause. Le DGRI a entendu l’argument et proposé qu’il s’agisse non pas de changement de titre mais d’une clarification des missions dans le cadre de la révision d’une prise de poste. Sur les questions RH, il a souhaité préciser qu’il ne voulait en aucun cas dénigrer les profils scientifiques de la DGRI qui en font en grande partie sa force et qu’il en avait conscience mais qu’il pensait nécessaire de compléter les recrutements avec des profils plus administratifs, ayant notamment plus de poids dans les négociations interministérielles et plus l’habitude de ces échanges pour pouvoir gagner des arbitrages.
Au final, la CGT a transmis les alertes. La posture du DGRI traduit d’abord une volonté de faire mieux, sans offrir à ce stade aucune garantie sur une considération réelle pour l’impact humain et en termes de conditions de travail des changements profonds qu’il entend mener au sein de la direction. La CGT reste donc extrêmement vigilante et à l’écoute de tous les retours des agents sur l’organisation du travail et l’ambiance au sein de la DGRI.