En cette journée de mobilisation à l’appel de l’intersyndicale CGT / FSU / Solidaires pour un budget de progrès social, nous vous proposons un coup de projecteur sur les régressions du projet de loi de finances soumis à l’examen du parlement.
Axer les discussions budgétaires sur la question des ressources et la nécessaire abrogation de la réforme des retraites
Le gouvernement persiste sur la voie de l’austérité en brandissant la question de la dette pour imposer une trajectoire d’économies et de coupes budgétaires. Mais pour la première fois depuis longtemps, les discussions budgétaires ont pu questionner le dogme de l’économie de l’offre et mettre au centre du débat deux questions essentielles :
- La taxe Zucman et la nécessité de taxer les patrimoines et les revenus du capital, pour plus de justice fiscale et pour trouver d’autres sources de recettes nécessaires pour financer les services publics à hauteur des besoins
Retrouvez en PJ le mémo de la CGT sur la taxe Zucman et le tract court de la CGT Finances publics
- La question de l’abrogation de la réforme des retraites ou, a minima, celle de son suspension ou du décalage
Retrouvez en lien l’analyse de la CGT sur la question de la suspension
La fonction publique, éternelle variable d’ajustement
Une fois de plus, le gouvernement n’a pas budgété de revalorisation du point d’indice et impose une nouvelle année blanche pour la fonction publique. Depuis 2010, le gel du point d’indice semble devenu la norme et les quelques revalorisations n’ont pas permis de compenser la progression de l’inflation. La CGT Fonction publique suit précisément la perte de pouvoir d’achat des agents publics et chiffre celle-ci à -18,29% depuis 2010. Pour un agent de catégorie C en fin de carrière (ADJAENES P2), c’est une perte de 383€ bruts mensuels ou 4596€ par an, pour un attaché classe normal en fin de grille, la perte s’élève à 610€ bruts mensuels soit 7320€ par an ! L’INSEE elle-même le confirme : les salaires de la fonction publique, régime indemnitaire compris, sont largement inférieurs à ceux du privé (-3,7% !). Comment s’étonner dans un tel contexte que la fonction publique peine à recruter et que les concours ne fassent pas le plein ? Il est urgent de revaloriser durablement nos salaires, d’indexer le point d’indice sur l’inflation et de conquérir de nouvelles grilles.
Education, un budget qui ne passe pas
Pour la première fois, ce budget priorise la mission défense (68,4 milliards) qui dépasse la mission Education, signal fort au moment où le chef d’État-major des armées déclare qu’il faut que la France se prépare à « accepter de perdre ses enfants ». Malgré la hausse en trompe l’œil de 200M€, le projet de loi de finance 2026 impose une austérité inédite à l’Education nationale bien loin de compenser l’inflation, le GVT et les besoins réels.
- Suppressions de postes : 4018 suppressions nettes de postes d’enseignants (1891 dans l’enseignement primaire, 1365 dans le secondaire et 762 dans le privé sous contrat). Le gouvernement utilise la baisse démographique pour faire des économies plutôt qu’améliorer le système éducatif (classes surchargées, salaires peu attractifs comme le montrent les comparaisons menées sur les pays de l’OCDE qui montrent un sous financement chronique de l’enseignement par rapport notamment à l’Espagne ou l’Allemagne).
- Coupes dans l’accompagnement : +1 200 AESH seulement (vs 2 000 en 2025), fonds sociaux scolaires -2 M€, Pass Culture scolaire -10 M€ ; au final c’est moins de soutien pour l’inclusion, l’accompagnement des élèves et la culture.
ESR, l’autre variable d’ajustement du budget
L’ESR n’est pas épargné dans le budget, montrant à nouveau n’est pas pleinement capable d’investir ni dans la recherche, ni dans la formation de la jeunesse !
- Des dépenses contraintes non compensées : 5 600 emplois menacés dans l’enseignement supérieur par la progression des dépenses contraintes (+ 362M€ non compensées) qui vont forcer les établissements à arbitrer des économies – non budgétisation du GVT pour l’ESR qui s’élève au moins à 70M€, non financement de la part employeur de la PSC pour les établissements de l’ESR ;
- Sous financement de la recherche : la marche 2026 de la LPR n’est budgétée qu’à hauteur de 85,5M€ et non 107M€ ; baisse de dotation pour la recherche, alors qu’un établissement comme le CNRS souffre d’un déficit de 200M€ et devra ponctionner son fonds de roulement à hauteur de 100M€
- Baisse des aides aux étudiants : suppression de 34 millions d’aides directes aux étudiant·es, potentielle suppression des APL pour les étudiant·es étranger·es, non investissement dans les CROUS (seuls seuls 10 % des logements promis par Emmanuel Macron ont réellement été construits et que seul·es 6 % des étudiant·es y ont accès), réforme du système de bourse encore reportée (alors qu’un étudiant sur deux saute un repas par jour, que seul un sur quatre est boursier et qu’un étudiant sur deux est salarié pour financer ses études, source principale d’échec à l’université)
Pour plus de décryptage sur le budget dans la santé, le monde associatif, les aides sociales, lire l’article complet de la CGT
A lire également nos mémos sécu en lien avec le budget :
- Franchises médicales et participation forfaitaire ou comment faire payer les plus malades
- Affection de longue durée : Vers une remise en cause ?
La CGT revendique
- Augmentation des salaires, dans le privé comme dans le public.
- SMIC à 2 000 € brut, et indexation de tous les salaires sur l’inflation pour ne pas perdre en niveau de vie
- Indexation du point d’indice sur l’inflation et plan de rattrapage des pertes antérieures
- Égalité salariale entre les femmes et les hommes,
- Contrôle et conditionnement des aides publiques aux entreprises à des créations d’emploi et à des hausses de salaires.
- Mise en place d’une taxe plancher sur les ultra-riches : faire contribuer les 1 800 foyers qui détiennent plus de 100 millions d’euros de patrimoine
- Abrogation de la réforme des retraites
Utilisez le simulateur CGT pour voir l’impact concret du budget 2026 sur votre budget !

