La formation spécialisée santé, sécurité, conditions de travail (F3SCT ou FS… ex CHSCT) s’est réunie le jeudi 9 janvier principalement autour d’un bilan du déploiement du télétravail en administration centrale au cours de l’année 2024. Morceaux choisis.
Réunies en formation spécialisée (F3SCT – ex CHSCT), les organisations syndicales ont pu notamment étudier le bilan du déploiement du télétravail à l’administration centrale au cours de l’année 2024. La CGT livre ici les principaux éléments qui ressortent du bilan. D’abord le télétravail est une modalité d’organisation du travail plébiscitée par les agents qui sont 79,87% à l’avoir choisie. L’engouement pour le télétravail est ancien au sein de l’administration centrale qui avait expérimenté le télétravail dès 2015 (un an avant le décret télétravail de 2016 !) et connaissait déjà un taux de 19% de télétravailleur avant le confinement. Mais la crise sanitaire puis la nouvelle circulaire de 2023 ont conduit à une quasi généralisation du télétravail, comme le montre ce graphique à partir des données que la CGT a retraité à partir des derniers bilans sociaux et bilans télétravail.
Le télétravail est sans surprise davantage plébiscité par les plus jeunes, même s’il reste pratiqué à quasi tous les âges. Il est également davantage accordé aux catégories A et B qu’aux catégories C, même si le faible nombre d’agents en catégorie C aujourd’hui à l’administration centrale (6,9%), qui sont pour une grande part des agents techniques dont les fonctions sont non télétravaillables, explique en partie ces différences entre les catégories. Le bilan montre également un taux de télétravailleurs très fort dans l’encadrement intermédiaire (90% de télétravailleurs) et moindre dans l’encadrement supérieur (42.7%).
Le taux de télétravailleurs diffère en partie selon les directions, même si la particularité de directions comme le SAAM et le BDC avec de nombreuses fonctions non télétravaillables (agents techniques, chauffeurs, huissiers… mais pas les secrétariats !) doit être prise en compte pour expliquer les différences entre direction. La visite de la formation au BDC tombe cependant à point nommé pour interroger le taux de 25% et demander des données sur le nombre de télétravailleurs sur les fonctions télétravaillables.
A noter que les moyennes de jours télétravaillés sont peu significatives en 2024, les JOP ayant largement impacté le décompte.
Enfin ce sont les données relatives au nombre de jours télétravaillés qui nous ont particulièrement retenus notre attention. In fine seuls 10% des agents de l’administration bénéficient ou ont demandé 3 jours par semaine. En revanche 19% des agents bénéficient de 2 jours de télétravail fixe + des jours flottant, peut-être s’agit-il pour partie d’agents ayant souhaité trois jours de télétravail par semaine qui n’ont pas pu en faire la demande au vu des consignes des directions refusant 3 jours de télétravail. Seules 34 demandes ont reçu un avis hiérarchique défavorable et 5 ont fait l’objet d’un recours. Ces données très faibles suggèrent que beaucoup d’est joué dans le dialogue au sein des départements avec sans doute beaucoup d’autocensure dans les demandes. L’évolution de ces données sera à suivre de façon très nette.
Questionnaire télétravail : interroger les motivations du télétravail
L’administration a présenté un projet de questionnaire qui doit être diffusé dans le courant du mois de février aux agents sur le rapport des agents au télétravail (motivations, effets sur l’organisation du travail et le collectif de travail). Pour la CGT, cette démarche est nécessaire pour éclairer le recours au télétravail et compléter le bilan purement quantitatif. Si la CGT a toujours soutenu le déploiement du télétravail et largement œuvré à l’évolution de la réglementation sur le télétravail, nous restons persuadés que l’engouement pour le télétravail doit aussi être interrogé sous l’angle du rapport au travail. Si autant de collègues demandent à télétravailler, il y a évidemment des raisons liées au temps de transport et à l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle (possibilité de récupérer des colis, de caler un rdv médical à proximité du domicile sur la pause déjeuner, de lancer des lessives, d’aller chercher ses enfants à l’école etc.). Mais il peut y avoir aussi des raisons liées à l’organisation du travail au sein de l’administration centrale qui peuvent faire préférer le télétravail : contrôle trop tatillon des tâches et des horaires sur site, ambiance dégradée dans le service, encadrement pathogène voire conditions matérielles de travail dégradées (cf. site Rives de Paris). Sans considérer que les conditions de travail sont dégradées partout, on peut a minima considérer que l’aspiration à télétravailler représente en partie une aspiration à l’autonomie dans le travail, les agents cherchant à retrouver quelques jours par semaine du contrôle sur leur temps et leur façon de travailler. C’est du moins une hypothèse que nous souhaiterions voir tester dans ce questionnaire. La CGT va soumettre des questions complémentaires pour enrichir le questionnaire. Par ailleurs, elle a demandé comme les autres OS à faire enlever les questions jugées intrusives sur l’installation matérielle de l’agent à domicile en télétravail. A suivre. La CGT avait prévu de diffuser une enquête sur le télétravail. Si nos questions peuvent être intégrées, nous nous abstiendrons, mais l’enquête reste trop institutionnelle, nous vous enverrons directement notre petit questionnaire !