« Les attaché-es sont le poumon du ministère » martelait l’ancien chef du SAAM en CAP. C’est un fait, notre ministère en se resserrant progressivement sur ses missions de pilotage est devenu une administration de cadres où les catégories A et A+ représentent 65% des effectifs. Les attaché-es fournissent le gros des troupes : elles et ils composent 25% du personnel de la centrale. Majoritairement, ils occupent des fonctions de chargé-es d’études sous toutes ses variantes (chargé-e de projet, chargé-e de mission, chargé-e de tutelle, chargé-e de gestion financière…).
Pourtant, les chargé-es d’études ne vont souvent pas bien au ministère : ce sont eux qui font tourner la machine, mais elles et ils sont trop souvent trop peu reconnus dans leurs compétences. Nos collègues souffrent de ne pas être sollicités à la hauteur de leur formation, de leurs attentes et de leur sens du service public. Nos collègues subissent également une charge de travail accrue et la désorganisation des services.
Un profond sentiment de déqualification : ne pas être employés à leur juste mesure
Les attaché-es sont des agent-es de catégorie A de haut niveau d’études, formé-es et qualifié-es. Dans les services déconcentrés ou en établissement, elles/ils occupent des postes à responsabilité, à hauteur de leurs compétences. En administration centrale, elles/ils sont trop souvent confinés à un portefeuille réduit de tâches et limités à une expertise précise.
Trop souvent, on observe que les missions intéressantes, nécessitant une réflexion sont confiées à des consultants ou prestataires externes ou sont simplement concentrées dans le giron de la hiérarchie. Or, habituée à travailler dans l’urgence, à ne pas pouvoir organiser et répartir le travail, la hiérarchie se retrouve contrainte de ne pas inclure les chargés d’études ce qui devrait être dans le cœur du travail des attaché-es et les maintient dans des tâches d’exécution.
Dans d’autres cas, une hiérarchie tatillonne va revoir chaque virgule de leur production, ne leur laissant aucune marge de manœuvre ou autonomie. Cela crée pour nos collègues, un profond sentiment de déqualification qui questionne le sens du travail et leur positionnement, alors même qu’ils ont fait le choix du service public par conviction et veulent vivre pleinement leur engagement professionnel.
Quand les transformations de l’administration changent le travail
L’administration centrale a perdu près de 1 000 emplois sur les vingt dernières années, sous l’effet conjoint de décentralisation, de déconcentration, parfois même d’externalisation. L’administration centrale s’est profondément transformée dans ses missions et dans sa structure. Mais cette perte d’effectifs se fait sentir dans les services : l’administration travaille en flux tendus, dans l’urgence permanente, avec des pics d’activité non anticipés.
On ne compte plus les services en sous-effectifs où les agent-es n’en peuvent plus. Cela produit de vrais situations de surmenages (burn-out), avec des collègues qui n’arrivent plus à prendre leurs congés, qui sont constamment en retard dans leur travail, culpabilisent de ne pas réussir à faire face aux commandes, ont mauvaise conscience, ne sont pas fiers de ce qu’ils produisent.
Des collègues peuvent donc se retrouver sur-sollicités tout en restant cantonnés à des tâches sans envergure et répétitives.
Des perspectives de carrière limitées
Les attaché-es au sein du ministère, comme tous les agent-es, aspirent à un déroulement de carrière. Les jeunes attaché-es viennent de subir avec la mise en place du PPCR un recul du délai pour passer le principalat qui les pénalise dans leur évolution professionnelle.
Pour de nombreux collègues qui n’ont pu passer le concours dans l’énergie du début de carrière, le passage au grade d’attaché-e principal-e en CAP s’avère illusoire : certains collègues restent bloqués plus de 10 ans au dernier échelon, sans perspective d’avancement…
Mais même pour les collègues attaché-es principaux, l’évolution professionnelle n’est pas une évidence : de plus en plus souvent, les postes d’encadrement sont confiés à des administrateurs civils et il devient compliqué pour un-e attaché-e qui le souhaite de basculer vers des fonctions d’encadrement ou d’effectuer une mobilité au sein du ministère.
Un décrochage en termes de pouvoir d’achat
Les attaché-es aussi ont perdu en pouvoir d’achat avec le gel du point d’indice : depuis 2010, les attaché-es la perte s’élève mensuelle entre 163€ (attaché-es) et 237€ (hors classe) !
A ceci s’ajoute le gel des primes suite à la mise en place du RIFSEEP et la mise en place du jour de carence… Bien sûr, en administration centrale, le niveau des primes est supérieur à celui pratiqué dans les services déconcentrés ou en établissement. Mais les collègues le savent : vues les contraintes immobilières en région parisienne, le niveau de primes n’empêche pas les fins de mois difficiles.
Avec la CGT, gagnons la reconnaissance de notre travail et les moyens pour exercer pleinement nos missions et nos qualifications :
Répondre au blues des chargés d’études
Pour reconnaître nos compétences et redonner du sens à nos missions et notre engagement dans le service public, c’est l’organisation du travail qui doit changer :
- Moratoire sur le recours aux prestataires et consultants externes
- Co-construction par les agents du programme d’activité dans les services (répartition des dossiers et détermination des circuits de validation)
- Plan d’action au niveau de la centrale pour la reconnaissance des fonctions de chargés d’études
Des moyens pour exercer nos missions
Des créations d’emploi statutaires et l’arrêt du plan de suppression de 120 000 postes de fonctionnaires
- Respect du temps de travail: La durée réelle du temps de travail est très élevée pour les chargé-es d’études, loin des 38h15 du règlement intérieur. Afin de respecter la durée légale du temps de travail et de préserver la santé de chacun et chacune, nous proposons de décompter les heures supplémentaires pour obtenir leurs paiements/récupérations. Un respect des bornes maximales de travail et minimum de repos doit être obtenu et garanti.
- Respecter l’équilibre vie privée /vie professionnelle: Afin de limiter les abus et permettre à chacune et chacun de travailler dans de bonnes conditions, nous proposons l’encadrement des horaires des réunions en l’inscrivant dans une charte des temps contraignante. Nous revendiquons la mise en place du droit à la déconnexion par arrêt des serveurs sur plages fixes.
La reconnaissance de nos qualifications
- Véritable déroulement de carrière : La reconnaissance du travail effectué implique d’obtenir un doublement du salaire entre le début et la fin de carrière. Le traitement basé sur les grilles indiciaires (hors primes) doit commencer à 1 800 € par mois.
- Des droits garantis à la formation professionnelle : 10 % du temps de travail doit pouvoir être consacré à la formation, qui doit être suivie de progressions de carrière.
- Reconnaitre les années d’études dans les droits à la retraite : Les qualifications sont utiles à la société pour répondre aux défis sociaux, économiques et environnementaux. L’entrée plus tardive dans la vie professionnelle nécessite de prendre en compte la durée de formation des cadres dans le calcul des droits à la retraite.
Carrières professionnelles et égalité femmes-hommes
Les inégalités perdurent en termes de parcours professionnels et de rémunération. Les écarts de carrière concernent toutes les catégories d’agentes :
➜ Un plafond de verre à la centrale qui rend difficile l’accès des femmes aux emplois supérieurs. Dans notre administration, les femmes constituent 60 % des agent-es, mais ne représentent que 39 % de la catégorie A+ ! De même en 2017, les femmes représentent 55 % de l’encadrement intermédiaire pour seulement 34 % de l’encadrement supérieur.
➜ Carrières et avancements grignotés : en 2017, plus de 70 % des recrutements pour des fonctions d’encadrement supérieur sont masculins…
Les femmes cadres doivent pouvoir accéder aux mêmes carrières que les hommes : La CGT exige des données chiffrées précises sur les carrières des agent-es et des objectifs chiffrés de réduction des écarts. L’administration doit accompagner les carrières des femmes dans leur projet de mobilité et à progresser dans leur carrière, notamment en formant les encadrant-es aux inégalités femmes-hommes.