Il ne s’agit pas simplement de célébrer un moment convivial, mais bien de faire le point sur la situation réelle vécue par la moitié de la population. Le 8 mars doit permettre de se mobiliser pour que l’égalité entre les femmes et les hommes ne se résume pas à de vaines promesses.
Le projet de loi Travail El Khomri efface purement et simplement les 90 articles qui traitent actuellement de la protection des travailleuses enceintes en fixant notamment leurs droits à congés, en supprimant purement et simplement toute mention de durée de ces congés.
Inégalités professionnelles, violences au travail, sexisme ordinaire, cette journée est l’occasion de tourner le projecteur vers la réalité souvent difficile subie par les femmes au quotidien. Au travail comme à la maison c’est la double peine pour les femmes.
Au ministère, les femmes grandes perdantes de l’absence d’une politique RH en faveur de l’égalité !
Au regard du dernier bilan social établi par le ministère, il apparaît clairement, qu’à l’instar des autres collectivités territoriales, les inégalités femmes-hommes au Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ont la vie dure.
L’administration a une double responsabilité : critères de recrutement et politique de formation professionnelle qui favorisent encore l’entre-soi masculin. Le développement de la formation professionnelle doit en interne favoriser et encourager les évolutions de carrière des femmes (aide à la préparation des concours, aménagement de l’emploi du temps, etc.) .
72 % …des fonctionnaires de catégorie B ou C sont des femmes ! Alors qu’elles représentent seulement 61 % des effectifs de fonctionnaires, les femmes sont sur-représentées au sein des emplois les moins bien payés.
37 %…c’est la part d’emploi de fonctionnaires de catégorie A+ occupés par des femmes au ministère ! Alors qu’elles représentent 61 % des effectifs de fonctionnaires, les femmes sont sous-représentées au sein des emplois les plus rémunérateurs.
92 % … des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes !
Davantage de femmes au sein des emplois les plus précaires et un avancement de carrière plus difficile ont pour principale conséquence un abaissement des salaires nets perçus à la fin du mois.
Ainsi, au sein de l’administration centrale du MENESR, les salaires de femmes de la catégories A+ sont inférieurs de 300 € à celui des hommes. En catégorie C, le salaire des femmes est inférieur de 26% à celui des hommes.
En moyenne dans la fonction publique d’Etat, les femmes ont un salaire inférieur de 15 % à celui de leurs homologues masculins.
Au fil des années, ces inégalités salariales ont des répercussions importantes sur la vie des femmes. Alors qu’en moyenne les femmes sont plus diplômées que les hommes, à la fin de leur carrière, elles touchent une retraite d’un montant moyen représentant seulement 57 % du montant perçu par les hommes !
Trois facteurs majeurs expliquent de tels écarts :
- Une dévalorisation des filières représentées majoritairement par des femmes (services, animation, éducation, culture). Les grilles salariales de ces métiers ne reconnaissent pas les niveaux de qualification et n’offrent que très peu de possibilité de déroulement de carrière.
- Un plafond de verre subi de plein fouet pour obtenir des postes à responsabilité . Dans leur carrière, les femmes doivent faire face à de multiples obstacles pour accéder à des postes élevés dans la hiérarchie professionnelle. Tout se passe comme si un plafond invisible empêchait les femmes de grimper les échelons.
- Un fonctionnement historique de l’administration et de la politique des ressources humaines qui dévalorise systématiquement la carrière des femmes . Une récente étude rappelle que pour un couple avec enfant, les revenus des hommes augmentent en moyenne après une naissance (primes idéologiques pour le « chef de famille »), alors que ceux des femmes diminuent (baisse des primes).
Les temps partiels féminins s’expliquent en partie par la politique salariale de la fonction publique : la faiblesse salariale conduit à un arbitrage en défaveur des femmes au sein des ménages.
Qui n’a jamais entendu ce genre de propos : commentaires sur la tenue vestimentaire, sur le physique, « blagues » graveleuses, phrases dégradantes, « promotion canapé », « hystériques », etc.
Les propos sexistes conduisent à nier le professionnalisme des femmes en les considérant d’abord comme des femmes avant de les traiter comme des collègues.
Pour le 8 mars, la CGT réclame :
- L’égalité salariale avec un rattrapage immédiat de l’écart de salaire F/H toutes catégories confondues
- Une politique d’égalité des promotion s , d’accès aux emplois d’encadrement
- Un règlement intérieur qui définisse le sexisme et sanctionne les comportements et propos sexistes, comme ceux racistes et homophobes.
- La mise en place de recours contre toutes les formes de discriminations
- Un travail sur la reconnaissance statutaire des niveaux de qualification des métiers en lien avec l’éducation, la santé, l’entraide, la culture, les loisirs, l’aide à la personne…